Le mésothéliome est un cancer qui affecte les parois des poumons et d’autres organes. Il est causé par l’inhalation des fibres d’amiante. Il est caractérisé par une longue période de latence : la maladie peut apparaître 50 ans après l’exposition aux fibres d’amiante. Il n’existe aucune cure et le taux de survie est extrêmement faible.
Facteurs de risque
L’amiante est le nom commercial d’un groupe de fibres minérales naturelles. Par le passé, il était utilisé dans de nombreuses applications commerciales, notamment l’isolation, la couverture des toits, les tuyaux et plaques de ciment, les joints et les matériaux de friction. L’utilisation de l’amiante a été interdite en 2018 au Canada, bien qu’on en trouve toujours dans de nombreux produits et bâtiments anciens. L’étude du Fardeau des cancers professionnels au Canada estime qu’environ 80 % des cas de mésothéliome sont attribuables à une exposition à l’amiante en milieu de travail.
Les risques les plus élevés de développer un mésothéliome ont été observés chez les travailleurs employés dans les industries de la construction, de l’extraction d’amiante, et dans certaines industries et professions métallurgiques. Le mésothéliome se développe généralement au minimum 20 à 40 ans après l’exposition à l’amiante [2]. Les diagnostics parmi les travailleurs de la cohorte du SSMP peuvent donc être liés à une exposition professionnelle à l’amiante survenue de nombreuses années avant. Toutefois, bien que l’amiante soit désormais interdit au Canada [3], les travailleurs peuvent encore être exposés à ce produit, en particulier dans les métiers de la construction et de la rénovation d’anciens immeubles contenant de l’amiante.
Dans le secteur de la construction, les travailleurs spécialisés dans l’isolation, les tuyauteurs et les plombiers présentent le plus grand risque d’exposition à l’amiante et de mésothéliome en conséquence de l’utilisation répandue de l’amiante dans les matériaux d’isolation et les tuyaux des immeubles avant 1980 [4, 5]. De nombreux autres professionnels présentent également un risque accru de développer un mésothéliome, car ils manipulent des matériaux contenant de l’amiante ou travaillent à proximité immédiate de ceux-ci pendant les travaux de rénovation, d’entretien ou de démolition des bâtiments anciens.
Contrairement au Québec, où les mines d’amiante constituaient une industrie très importante, en Ontario, les mines d’amiante représentaient une industrie de petite envergure, et n’ont été exploitées que jusqu’en 1978 [6, 7]. Néanmoins, les résultats du SSMP démontrent que les mineurs d’amiante en Ontario présentent un risque considérablement accru de développer un mésothéliome. Cette conclusion n’est pas surprenante compte tenu des niveaux extrêmement élevés d’amiante auxquels ils ont probablement été exposés.
L’amiante était couramment utilisé comme matériau d’isolation dans certains procédés métallurgiques à chaud [8]. Les travailleurs de l’industrie de première transformation des métaux peuvent utiliser des fours et d’autres équipements thermiques isolés avec de l’amiante.
Durant des dizaines d’années, les composantes des freins et des embrayages contenaient de l’amiante [9], et le SSMP a démontré que les travailleurs chargés de la réparation et de l’entretien des véhicules présentaient un risque accru de développer un mésothéliome. De nombreux véhicules sont composés de matériaux contenant de l’amiante et l’exposition lors de la réparation de ces véhicules pourrait représenter un danger pour ces travailleurs pendant des dizaines d’années encore.
Figure 1. Risque de diagnostic de mésothéliome chez les travailleurs employés dans chaque groupe d’industries par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016
Pour obtenir le rapport de risque, on divise l’estimation du temps moyen nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez les travailleurs de chaque groupe d’industries/professionnel par celui nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez tous les autres groupes pendant la période de l’étude. Les rapports de risque supérieurs à 1,00 indiquent un risque accru de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres. Les estimations sont ajustées par année de naissance et par sexe. La largeur de l’intervalle de confiance (IC) de 95 % est fondée sur le nombre de cas dans chaque groupe (plus il y a de cas, plus l’intervalle est étroit).
Figure 2. Risque de diagnostic de mésothéliome chez les travailleurs employés dans chaque groupe professionnel par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016