La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) est une affection qui cause des problèmes respiratoires, y compris de la toux, une respiration sifflante, l’essoufflement et une sécrétion muqueuse, et se caractérise par une bronchite chronique et un emphysème [1,2,3]. Elle compte parmi les maladies respiratoires chroniques les plus courantes au Canada et continue d’être une cause majeure de mortalité et d’invalidité [1,2]. La consommation de tabac est la principale cause de la MPOC, même si on estime que 25 à 45 % des patients atteints d’une MPOC n’ont jamais fumé [4].
De plus, l’American Thoracic Society et l’European Respiratory Society estiment que 14 % de l’ensemble des cas de MPOC sont causés par des expositions professionnelles [5]. Jusqu’à 32 % des cas de MPOC chez les non-fumeurs peuvent être attribués aux expositions professionnelles [3]. Des études ont révélé un risque accru de MPOC associé à l’exposition professionnelle aux poussières biologiques et minérales (p. ex., silice, amiante, bois, coton, charbon, céréales), aux gaz et aux fumées (p. ex., fumées de soudage, gaz d’échappement des moteurs diesel, fumées d’asphalte) et aux pesticides [8-12]. Les expositions professionnelles, combinées au tabagisme, peuvent également accroître le risque de MPOC [6-7]. Il est probable que l’exposition professionnelle aux vapeurs, aux gaz, aux poussières et aux fumées (VGPF) s’ajoute à celle du tabagisme, ce qui peut entraîner une diminution accrue de la fonction pulmonaire et le développement d’une MPOC [13].
Les résultats suivants montrent l’augmentation en pourcentage du risque chez les groupes de travailleurs par industrie ou profession par rapport à tous les autres travailleurs suivis dans le Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP). Les résultats relatifs à l’industrie et à la profession sont présentés dans les mêmes tableaux pour chaque groupe de travailleurs. Les résultats présentés concernent les diagnostics de MPOC avant l’âge de 65 ans, qui sont plus susceptibles d’être liés à des expositions professionnelles que les diagnostics de MPOC chez les personnes âgées. Il est important de noter que les diagnostics de MPOC peuvent ne pas être fondés sur des critères de fonction pulmonaire, ce qui peut entraîner une erreur de classification de la MPOC, en l’associant à d’autres affections respiratoires comme l’asthme.
Aucune donnée n’était disponible pour le tabagisme dans le SSMP. Certains risques professionnels observés peuvent donc être dus aux habitudes de tabagisme. D’autre part, les études sur les maladies respiratoires chez les personnes travaillant dans des milieux poussiéreux et souvent exigeants sur le plan physique peuvent sous-estimer les risques professionnels étant donné que les personnes souffrant de maladies pulmonaires chroniques peuvent éviter d’exercer ces professions et que les travailleurs présentant des symptômes de difficultés respiratoires sont plus susceptibles de changer de profession ou de quitter le marché du travail [14]. C’est ce qu’on appelle « l’effet du travailleur en bonne santé ». Le SSMP tente de régler ces problèmes en comparant chaque profession et chaque industrie à tous les autres travailleurs du système plutôt qu’à la population générale [14]. Tous les travailleurs recensés dans le SSMP (à savoir plus de 2 millions) sont des personnes qui ont reçu des indemnités pour accident du travail par le passé et la grande majorité d’entre eux ont occupé des emplois dangereux où les taux de tabagisme et les exigences physiques peuvent être semblables.
Les tableaux des résultats qui suivent le texte montrent l’augmentation en pourcentage du risque chez les groupes de travailleurs par industrie ou profession par rapport à tous les autres travailleurs suivis dans le SSMP.
Le fait de vivre et de travailler en milieu agricole et rural est souvent associé à un risque moindre de maladie. Cependant, l’exposition aux activités agricoles a été liée à certains effets néfastes sur la santé, y compris des maladies respiratoires comme la MPOC. Bien que les agriculteurs affichent généralement des taux de tabagisme inférieurs à ceux des autres travailleurs et de la population générale, un risque accru de maladies respiratoires a déjà été observé, risque qui peut être lié à des expositions professionnelles [15-17].
Un risque accru de MPOC a été observé pour plusieurs industries et professions agricoles dans le SSMP. Les travailleurs agricoles peuvent être exposés à une multitude de poussières, des pesticides et des gaz d’échappement des moteurs diesel, ce qui peut augmenter leur risque de MPOC. Les travailleurs des fermes d’élevage sont exposés à des poussières, notamment des squames animales, des poils, des aliments pour animaux et d’autres composants microbiologiques [18-20], notamment de l’ammoniac, du méthane et du sulfure d’hydrogène émanant du fumier animal [21-22]. On a déjà constaté que les cultivateurs présentaient un risque de MPOC plus faible que ceux qui avaient également été exposés au bétail [23-24]. Ces conclusions sont conformes aux résultats de la cohorte du SSMP, où le risque le plus élevé a été observé chez les travailleurs des fermes de culture et d’élevage mixtes. Comparativement à d’autres travailleurs, on a également observé un risque accru de MPOC chez les cultivateurs et les travailleurs de l’industrie de l’alimentation animale, où l’exposition aux poussières et aux moisissures de céréales peut être courante [23]. Les travailleurs agricoles qui utilisent de l’équipement diesel (c.-à-d. des tracteurs) peuvent être exposés aux gaz d’échappement des moteurs, ce qui est également associé à un risque accru de MPOC [6].
Outre le risque accru observé chez les producteurs et les manutentionnaires de céréales dans le secteur agricole, des études antérieures ont également relevé des risques accrus chez les travailleurs qui transforment les céréales en farines, ainsi que chez les boulangers-pâtissiers qui travaillent avec ces farines [21,25-26]. Les travailleurs des minoteries et du secteur de la boulangerie-pâtisserie ont affiché des risques accrus de MPOC dans le SSMP. Les poussières de farines provenant de diverses céréales peuvent contenir des contaminants, notamment des champignons, des endotoxines, des additifs chimiques, des insectes et des mites [27]. Plusieurs études ont révélé une prévalence accrue des symptômes de difficultés respiratoires et un déclin de la fonction pulmonaire chez les travailleurs des minoteries et des boulangeries-pâtisseries [21,28-30], le risque le plus élevé étant observé chez les travailleurs sensibles aux allergènes, en particulier l’amylase fongique présente dans les agents améliorants de la farine [21,31].
Les travailleurs de l’industrie de transformation du textile peuvent être exposés à une multitude de poussières organiques et synthétiques, entraînant l’observation de déclins de la fonction pulmonaire qui diffèrent selon les matériaux. Les données probantes les plus solides dont nous disposons se rapportent à l’exposition à la poussière de coton, contaminée par des endotoxines, qui a été associée à des réactions respiratoires aiguës (p. ex., toux, rétrécissement des voies respiratoires) dans le cas des expositions à court terme et à une perte de fonctions pulmonaires et une inflammation dans le cas des expositions prolongées [14, 32-33]. Le risque le plus élevé de MPOC chez les travailleurs du textile répertoriés dans le SSMP a été observé chez ceux employés dans les usines de filature et de tissage du coton. D’importantes variations de l’exposition aux poussières inhalables et à l’endotoxine en suspension dans l’air ont été observées entre les différents secteurs de la transformation des textiles [34].
Dans la cohorte des travailleurs du SSMP, on a observé un risque accru pour plusieurs professions liées au bois et dans l’industrie de fabrication de boîtes en bois, mais aucun risque excédentaire n’a été observé pour l’ensemble des industries liées à la foresterie et à l’exploitation forestière. Des études antérieures ont relevé des risques accrus de symptômes et d’affections respiratoires chez les travailleurs exposés à la poussière de bois [35-36], mais les données probantes liées à la MPOC et ses agents responsables continuent d’offrir des conclusions mitigées [37-39]. La poussière de bois frais peut contenir des champignons, des endotoxines et des bactéries à Gram négatif [40-41]. En plus des poussières de bois, les travailleurs du secteur de fabrication de produits du bois peuvent être exposés à divers irritants respiratoires, y compris des cires, des résines, des colles et du formaldéhyde, dans le cadre de la production et de l’utilisation des panneaux de fibres à densité moyenne (MDF) [42]. Les travailleurs chargés du blanchiment dans les usines de pâte à papier sont également exposés à l’ozone, un irritant respiratoire connu, et aux gaz de dioxyde de chlore/dioxyde de soufre qui ont également des effets obstructifs sur la respiration et la fonction pulmonaire [43]. Le bûcheronnage et les travaux forestiers connexes peuvent entraîner une exposition aux pesticides, connus pour accélérer le déclin de la fonction pulmonaire et augmenter le risque de MPOC [12].
Les travailleurs des professions de la construction ont présenté des risques accrus de MPOC. Ces travailleurs sont exposés à un certain nombre de facteurs de risque possibles de la MPOC, notamment de nombreuses poussières (p. ex., silice, ciment, béton, bois, métal), des fibres (p. ex., amiante) et des fumées irritantes (p. ex., asphalte, gaz d’échappement des moteurs, soudage des métaux) [3,37,44]. Il est difficile d’identifier des agents responsables particuliers, mais on a observé un risque accru de MPOC chez les travailleurs de la construction dans des études précédentes [3,8,45-46].
Les travailleurs de l’industrie minière ont toujours été exposés à des niveaux élevés de poussières et de particules fines, y compris la silice, ainsi qu’aux gaz d’échappement des moteurs diesel des équipements lourds. Ces expositions ont été liées à un risque accru de MPOC chez les mineurs [37,44,47-48]. Le plus grand risque de MPOC observé chez les travailleurs de l’industrie minière du SSMP concernait les travailleurs des carrières et des sablières, possiblement en raison de leur exposition à la silice [49-51]. Les travailleurs des carrières et des sablières, qui sont susceptibles de travailler dans des espaces ouverts, font peut-être moins l’objet d’une surveillance de l’exposition aux poussières sur le lieu de travail que les autres travailleurs des mines.
Un risque excédentaire uniforme de MPOC a été observé chez les travailleurs des industries et des professions de transformation des métaux et de soudage. Ces travailleurs peuvent être exposés à des métaux lourds (p. ex., cadmium, arsenic, chrome), à des fumées de soudage, à de la silice cristalline et à des poussières, des solvants et d’autres agents qui peuvent accroître leur risque de MPOC [22]. L’exposition aux métaux lourds et aux fumées de soudage peut causer des dommages oxydatifs, entre autres mécanismes, qui peuvent accroître la prédisposition aux infections pulmonaires et aggraver la fonction pulmonaire [51-53].
Les efforts de compréhension de vos risques et de reconnaissance des symptômes de la MPOC permettent une détection et un traitement de la maladie à un stade précoce. Les symptômes de la MPOC comprennent l’essoufflement (surtout pendant l’activité physique), la fatigue, la toux persistante, la toux accompagnée de mucosités, une respiration sifflante et de multiples diagnostics de rhume, de grippe ou de pneumonie qui tardent à disparaître. Si vous présentez l’un de ces symptômes, vous devriez consulter votre fournisseur de soins de santé et lui parler de votre profession [54]. Le parcours de diagnostic de la MPOC devrait comprendre des tests de fonction pulmonaire. La détection précoce de la MPOC peut permettre de réduire les problèmes de fonction pulmonaire et de respiration qui entraînent souvent des lésions pulmonaires [54,55].
Les efforts de santé publique, des employeurs, du secteur de la santé au travail et de réglementation visant à réduire le fardeau de la MPOC dans la population doivent tenir compte de l’exposition en milieu de travail en plus de l’exposition cumulative au tabagisme. Les professionnels de la santé doivent bien connaître les groupes professionnels à risque élevé afin de déceler les maladies à un stade précoce. Les travaux de promotion de la santé au travail et les travailleurs devraient reconnaître les bienfaits des programmes d’abandon du tabac dans la prévention et la gestion des maladies respiratoires liées au travail.
Les travailleurs qui reçoivent un diagnostic de MPOC ou qui pensent en être atteints peuvent également présenter une demande de prestations auprès de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (WSIB). Des changements ont récemment été apportés et les prestations ne seront plus compensées pour la plupart des travailleurs qui ont des antécédents de tabagisme et qui présentent une demande liée à une MPOC [56].
Le plan d’action du Cadre de travail national sur la santé pulmonaire a également été élaboré pour améliorer la santé pulmonaire au Canada et faciliter la coordination des approches de prévention et de prise en charge des affections respiratoires [57]. Ces efforts peuvent améliorer la prévention et la gestion des maladies respiratoires comme la MPOC et améliorer les résultats de santé et les avantages économiques.
Les bulletins de surveillance du Système de surveillance des maladies professionnelles établissent des résumés des expositions professionnelles et des risques de maladies dans les différentes industries et différents groupes professionnels. Ces bulletins visent à rendre compte des professions et des industries à haut risque et des expositions particulières détectées au moyen de la surveillance des maladies professionnelles. À l’heure actuelle, le SSMP s’intéresse aux travailleurs sur la période de 1983 à 2014 et suit leur état de santé jusqu’en 2016. Ce bulletin ne tient compte que des maladies faisant actuellement l’objet d’un suivi dans le SSMP. Le système est régulièrement mis à jour et étendu.
De plus amples renseignements sur le SSMP, y compris les sources de données, les méthodes et les résultats détaillés, sont disponibles à https://www.odsp-ocrc.ca/fr/accueil/ et à https://www.occdiseasestats.ca/#/?locale=fr
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