L’amiante est un groupe de fibres minérales naturelles qui ont été largement utilisées dans l’isolation et d’autres matériaux de construction des années 1930 aux années 1980. En 2018, le Canada a interdit l’importation, la fabrication, la vente, le commerce ou l’utilisation de l’amiante et de produits contenant de l’amiante, à quelques exceptions près. Cependant, l’amiante est toujours présent dans de nombreuses maisons et bâtiments plus anciens en raison de son utilisation répandue dans le passé [1].
L’exposition à l’amiante peut causer le mésothéliome, le cancer du poumon et l’amiantose, ainsi que des cancers du larynx, de l’ovaire et du tube digestif [2]. La principale voie d’exposition est l’inhalation de fibres d’amiante. Étant donné que les maladies liées à l’amiante mettent de 10 à 40 ans à apparaître, bon nombre de cas récents et émergents sont liés à des conditions de travail passées [3].
Une étude sur le fardeau du cancer professionnel menée par le Centre de recherche sur le cancer professionnel a révélé que 7,8 % des cas de cancer du poumon et 80,7 % des cas de mésothéliome diagnostiqués chaque année en Ontario étaient attribuables à des expositions professionnelles à l’amiante. L’étude a également révélé que 30 % des cancers causés par l’exposition professionnelle étaient diagnostiqués chez d’anciens travailleurs du secteur de la fabrication et 25 % chez d’anciens travailleurs du secteur de la construction [4].
Les travailleurs des professions de la construction courent toujours le risque d’être exposés à cette matière lorsqu’ils assurent l’entretien d’équipement situé dans des zones de bâtiments plus anciens contenant de l’amiante, ou lorsqu’ils rénovent ou démolissent de vieux bâtiments. Les travailleurs spécialisés dans l’isolation peuvent être exposés à l’amiante lorsqu’ils retirent ou remplacent d’anciens matériaux isolants [2,4]. Les tuyauteurs et les plombiers peuvent également être exposés lorsqu’ils réparent de vieux tuyaux plus anciens ou lorsqu’ils en installent de nouveaux dans des zones contenant de l’amiante. Les chaudronniers et autres travailleurs assimilés peuvent être exposés à l’amiante lorsqu’ils travaillent sur de vieilles chaudières situées dans des bâtiments et des navires qui étaient souvent isolés avec des matériaux contenant de l’amiante et raccordés à des tuyaux de transfert de vapeur qui étaient isolés avec de l’amiante. De nombreuses autres professions du secteur de la construction risquent également d’être exposées à l’amiante. De même, les pompiers courent des risques accrus d’exposition à l’amiante lorsqu’ils luttent contre des incendies de bâtiments plus anciens, car des fibres d’amiante peuvent être libérées dans l’air [2,4].
Le mésothéliome est un cancer agressif et très mortel qui se développe dans la paroi des poumons ou de l’abdomen et est principalement causé par l’exposition à l’amiante. Environ 80 à 85 % des cas de mésothéliome sont attribuables à l’exposition professionnelle à l’amiante [5-7]. On estime qu’en Ontario, 140 cas de mésothéliome résultent d’une exposition professionnelle à l’amiante parmi tous ceux diagnostiqués chaque année, et qu’environ 55 000 travailleurs sont toujours exposés à l’amiante [Figure 1] [4-5]. Le mésothéliome affiche un taux de survie très faible : en Ontario, la survie médiane entre 1993 et 2017 était de 8,6 mois, avec 38 % de survie à un an, et seulement 4,7 % à cinq ans [5].
Figure 1. Nombre de cas de mésothéliome en Ontario, 1992 à 2017 [5]
L’amiantose est une maladie grave caractérisée par une cicatrisation des tissus pulmonaires causée par l’inhalation de fibres d’amiante. Les symptômes comprennent les difficultés respiratoires et la toux et, dans les cas les plus graves, l’hypertrophie cardiaque, l’invalidité et la mort [3].
L’amiante est l’une des principales causes de cancer du poumon après le tabagisme. Il est prouvé que l’exposition à l’amiante et le tabagisme ont une interaction synergique positive, avec des effets additifs et multiplicatifs sur le risque de cancer du poumon [8]. En Ontario, l’exposition professionnelle à l’amiante cause 630 cancers du poumon chaque année [4].
Le SSMP a été utilisé pour détecter les risques de maladie dans des centaines d’industries et de groupes professionnels. Les groupes de travailleurs présentant des risques plus élevés de maladies liées à l’amiante sont présentés ici. Les tableaux des résultats qui suivent le texte montrent l’augmentation en pourcentage du risque chez les groupes de travailleurs par industrie ou profession par rapport à tous les autres travailleurs suivis dans le SSMP.
L’extraction d’amiante était une petite industrie du Nord-Est de l’Ontario qui a principalement été exploitée de 1950 à 1978 [9-10]. Seul un petit groupe de ces mineurs apparaît dans le SSMP. Cependant, ce petit groupe présente un risque considérablement plus élevé de mésothéliome que d’autres travailleurs. Il fallait s’y attendre puisque ces travailleurs ont été exposés à des niveaux très élevés d’amiante. Le risque de cancer du poumon était aussi 4,93 fois plus élevé chez les mineurs d’amiante que chez les autres travailleurs du SSMP.
Les travailleurs peuvent être exposés de façon continue à l’amiante lors du retrait de produits contenant de l’amiante, ainsi que de l’entretien, de la rénovation ou de la démolition de bâtiments plus anciens. L’amiante était utilisé dans de nombreux matériaux de construction, notamment les produits isolants, les cloisons sèches, les planchers et le ciment. Les travailleurs spécialisés dans l’isolation présentent un risque particulièrement élevé en raison de la prévalence de l’amiante et des niveaux élevés de ce matériau dans les produits d’isolation installés avant 1990 [11]. Les personnes qui travaillent à proximité de matériaux contenant de l’amiante ou qui manipulent ce type de matériaux risquent d’inhaler des fibres d’amiante.
Dans le SSMP, les travailleurs des professions de la construction présentaient le plus grand risque de mésothéliome et d’amiantose comparativement aux autres travailleurs. Les travailleurs spécialisés dans l’isolation, les tuyauteurs et les plombiers, les électriciens et les menuisiers-charpentiers figuraient parmi les professions où les taux d’incidence étaient les plus élevés, mais beaucoup d’autres présentaient un risque accru [12].
Des quantités importantes d’amiante ont été utilisées dans les écoles et les bâtiments universitaires pour les protéger contre les incendies. Une analyse plus poussée a révélé que les risques élevés dans le secteur éducatif étaient plus largement associés aux professions liées à l’entretien des bâtiments scolaires qu’aux activités d’enseignement. Environ 25 % des cas de mésothéliome et d’amiantose ont été diagnostiqués chez le personnel de nettoyage et de conciergerie scolaire, et environ 40 % de ces cas ont été diagnostiqués chez des travailleurs des secteurs de la construction et de l’entretien. Environ 20 % des cas de mésothéliome ont été diagnostiqués chez le personnel enseignant et le personnel connexe.
Les risques excédentaires de maladies liées à l’amiante chez le personnel enseignant peuvent être dus à l’exposition dans les écoles, mais certains enseignants ont également présenté par le passé des demandes d’indemnisation indiquant un emploi antérieur dans d’autres industries, comme l’industrie manufacturière. Cependant, le SSMP ne dispose pas d’un historique de travail complet pour tous les travailleurs. Une vaste étude menée aux États-Unis a révélé des risques accrus semblables parmi les professions enseignantes et a laissé entendre qu’une exposition professionnelle, résidentielle ou conjugale préalable probable à l’amiante a pu contribuer à leur risque de mésothéliome [13].
Des risques accrus de mésothéliome et d’amiantose ont été observés chez les travailleurs de l’industrie de fabrication des métaux dans le SSMP.
Le travail des métaux peut impliquer une chaleur extrême dans de nombreux processus de formage, de façonnage et de soudage. L’amiante était un matériau isolant couramment utilisé dans la machinerie, l’équipement et les vêtements de protection destinés aux procédés de travail à chaud des métaux. Les gants, les vestes, les masques et les tabliers contenaient de l’amiante pour pouvoir protéger efficacement les travailleurs contre la chaleur extrême. Certains produits métalliques étaient également recouverts d’un revêtement contenant de l’amiante pour assurer leur durabilité et leur ignifugation. Des études antérieures ont révélé des risques accrus de mésothéliome et d’amiantose dans les industries et professions liées au travail des métaux, attribuant ce risque à l’amiante présent dans le milieu de travail [14-16].
Un risque accru de mésothéliome et d’amiantose a également été observé chez les travailleurs de l’industrie de fabrication non métallique répertoriés dans le SSMP. Les personnes travaillant dans les industries de fabrication de produits minéraux non métalliques sont particulièrement à risque, car ce groupe comprend les travailleurs qui créent des produits contenant de l’amiante. Des appareils de chauffage isolés à l’amiante ont été utilisés dans diverses industries manufacturières non métalliques pour faciliter le traitement ou le façonnage de différents matériaux. Les industries chimiques ont également utilisé des équipements de chauffage similaires pour produire des réactions chimiques. Des établis et des vêtements de protection enduits d’amiante étaient utilisés en raison de leur résistance aux produits chimiques. L’amiante permettait également d’empêcher leur dissolution dans l’eau et leur évaporation [17].
L’amiante était également utilisé comme agent de remplissage dans les produits en plastique, ce qui rendait les produits finaux résistants à l’humidité, à la chaleur, à l’acide et à l’électricité. Il a été couramment intégré dans des outils et des ustensiles de cuisine. Le talc contaminé à l’amiante, qui est utilisé dans la production de nombreux produits, y compris les céramiques, les plastiques et les matériaux papier, peut aussi être à l’origine d’une exposition [18].
Des matériaux contenant de l’amiante ont été largement utilisés par le passé dans les plaquettes de frein et d’autres produits de friction utilisés dans les véhicules automobiles, comme les disques d’embrayage. Bien que la fabrication et l’utilisation de pièces automobiles contenant de l’amiante aient cessé au Canada dans les années 1980, des pièces de rechange ont continué d’être importées jusqu’à l’interdiction fédérale de 2018 visant la vente et l’utilisation de produits contenant de l’amiante [19]. Les véhicules plus anciens sur la route comportent encore des pièces contenant de l’amiante et des expositions professionnelles pendant les processus de manutention et de réparation des véhicules peuvent continuer d’affecter les travailleurs. Dans le SSMP, les mécaniciens et les réparateurs de véhicules automobiles présentaient 1,33 fois plus de risque de développer un mésothéliome important que tous les autres travailleurs.
Les règlements pris en vertu de la loi sur la protection et la gestion de l’environnement régissent la gestion et l’élimination de l’amiante en Ontario. Ces règlements prévoient des exigences concernant la gestion des déchets amiantés une fois qu’ils quittent le lieu de travail, notamment les aspects ayant trait au transport, à l’entreposage, à l’élimination, à l’étiquetage des contenants, aux vêtements et à l’équipement de protection pour les travailleurs, ainsi qu’aux exigences relatives aux permis et aux rapports [20]. Le règlement environnemental axé sur le transport et l’élimination des matériaux contenant de l’amiante définit les déchets amiantés comme des « déchets solides ou liquides qui contiennent une quantité significative d’amiante ». En vertu des règlements sur la santé et la sécurité au travail, les matériaux contenant au moins 0,5 % d’amiante sont considérés comme contenant de l’amiante [20]. Il est obligatoire que les déchets amiantés soient exclusivement transportés par un conducteur formé à la gestion de ces déchets. Il existe également une loi prévoyant la formation et l’éducation de travailleurs particuliers, notamment les employés du secteur de la construction en Ontario [20].
L’évaluation des risques liés à l’amiante varie selon les territoires canadiens. En Ontario, les risques sont classés selon les catégories suivantes : type 1 (risque faible), type 2 (risque modéré) et type 3 (risque élevé). On recense un certain nombre d’opérations dans chaque type. Les détails de ceux-ci se trouvent dans le rapport Asbestos Management in Canada: Assessing the Need for a National Standard (Gestion de l’amiante au Canada : Évaluation de la nécessité d’une norme nationale) [20].
Les lignes directrices techniques du gouvernement du Canada sur le programme de gestion de l’exposition à l’amiante fournissent également une description détaillée des niveaux de risque et des mesures de contrôle [21]. En outre, des règlements fédéraux et provinciaux décrivent les approches de contrôle de l’exposition à l’amiante en fonction du niveau de risque pour les travailleurs, notamment [22-25] :
Le Registre des travailleurs exposés à l’amiante de l’Ontario assure quant à lui le suivi de l’exposition aux matériaux contenant de l’amiante afin que ces travailleurs puissent être identifiés et avisés de se soumettre à un examen médical après 2 000 heures d’exposition (ce qui équivaut à une année complète de travail) [26].
Récemment, le Projet pilote sur le dépistage du cancer du poumon chez les personnes présentant un risque élevé a été lancé en Ontario pour permettre un diagnostic précoce chez les personnes ayant un risque élevé de développer un cancer du poumon, lorsque le traitement est plus efficace. L’admissibilité est actuellement fondée sur l’âge et le statut de fumeur, mais les expositions professionnelles, comme celle à l’amiante, font l’objet de discussions et pourraient être intégrées au programme à l’avenir [27].
Les Canadiens qui reçoivent un diagnostic de maladie liée à l’amiante (mésothéliome ou amiantose) et qui ont été exposés à l’amiante en milieu de travail peuvent être admissibles à des prestations versées par la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (WSIB) [28-29].
L’interdiction de 2018 portant sur l’amiante était une mesure positive pour réduire le fardeau des maladies liées à l’amiante, mais l’exposition à l’amiante contenue dans les bâtiments et produits existants demeure une préoccupation importante pour certains travailleurs. Les maladies liées à l’amiante continueront d’être diagnostiquées aujourd’hui en raison de la longue période s’écoulant entre l’exposition passée à l’amiante et l’apparition de la maladie. La sensibilisation à l’exposition à l’amiante et aux maladies liées à l’amiante et la surveillance continue de celles-ci continueront d’être importantes pour les décennies à venir afin d’assurer la sécurité des travailleurs.
Les bulletins de surveillance du Système de surveillance des maladies professionnelles établissent des résumés des expositions professionnelles et des risques de maladies dans les différentes industries et différents groupes professionnels. Ces bulletins visent à rendre compte des professions et des industries à haut risque et des expositions particulières détectées au moyen de la surveillance des maladies professionnelles. À l’heure actuelle, le SSMP s’intéresse aux travailleurs sur la période de 1983 à 2014 et suit leur état de santé jusqu’en 2016. Ce bulletin ne tient compte que des maladies faisant actuellement l’objet d’un suivi dans le SSMP. Le système est régulièrement mis à jour et étendu.
De plus amples renseignements sur le SSMP, y compris les sources de données, les méthodes et les résultats détaillés, sont disponibles à https://www.odsp-ocrc.ca/fr/accueil/ et à https://www.occdiseasestats.ca/#/?locale=fr
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