Au Canada, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes [1]. Les facteurs de risque importants du cancer de la prostate sont notamment l’âge et les antécédents familiaux, mais on a peu de connaissances sur les facteurs de risque modifiables de cette maladie, notamment les causes professionnelles. Les expositions professionnelles qui perturbent le système endocrinien, comme le travail par roulement, présentent un intérêt particulier compte tenu du fait que le cancer de la prostate peut être hormonosensible. Les schémas de risque de cancer de la prostate lié à une exposition professionnelle sont un domaine de recherche essentiel du Centre de recherche sur le cancer professionnel [2-5].
Facteurs de risque professionnel possibles
Ces expositions sont des facteurs de risque possibles du cancer de la prostate, mais les données probantes actuelles sont peu concluantes.
Les risques les plus importants de cancer de la prostate ont été observés chez les travailleurs dans l’industrie du transport, les pompiers et les policiers, ainsi que les employés de bureau. L’exposition aux pesticides chez les travailleurs agricoles a déjà été indiquée comme facteur de risque potentiel du cancer de la prostate [15]. Aucun risque excédentaire n’a été observé chez ces travailleurs dans le SSMP.
L’emploi dans l’industrie du transport entraînait une augmentation du risque du cancer de la prostate. Les expositions potentielles dans ces groupes comprennent le comportement sédentaire et l’inactivité physique, le travail par quarts, l’obésité et la vibration globale du corps. Une vibration globale du corps survient lorsque l’énergie mécanique de surfaces qui vibrent se transmet au corps en positions debout ou assise. On en connaît peu sur le rôle des vibrations globales du corps dans l’étiologie du cancer de la prostate, mais d’autres maladies de la prostate comme la prostatite et l’augmentation des concentrations en testostérone sont liées aux vibrations globales du corps [14]. La perturbation du rythme circadien et le rayonnement cosmique auxquels est exposé le personnel navigant commercial sont présentés comme étant des facteurs de risque potentiels de cancer de la prostate [7].
On a observé que les activités liées au métal comme le traitement du métal, l’usinage des métaux, le formage des métaux ainsi que la fabrication et l’assemblage de produits en métal présentaient un risque élevé de cancer de la prostate. Les travailleurs exerçant ces types d’emplois peuvent être exposés à des niveaux élevés de composants métalliques qui représentent des facteurs de risque potentiels de cancer de la prostate, comme le cadmium et le chrome, qui peuvent entrer dans la composition d’alliages métalliques [7,16].
On a observé un risque élevé de cancer de la prostate chez les pompiers et les policiers. Cela a été observé de façon constante dans le cadre d’autres études et pourrait être lié au travail par roulement, à un comportement sédentaire ou à des niveaux élevés de stress en milieu de travail parmi ces groupes [2]. Les pompiers peuvent également être exposés aux gaz d’échappement des moteurs diesel lorsqu’ils travaillent dans les casernes, ce qui est un facteur de risque potentiel de cancer de la prostate.
On a observé un risque élevé de cancer de la prostate dans plusieurs professions du secteur de la médecine et de la santé, ce qui peut s’expliquer par un travail par roulement. Le rayonnement représente une source de risque excédentaire possible [6]. Toutefois, aucun risque excédentaire n’a été observé chez le personnel infirmier, et aucune preuve concluante ne permet de démontrer un lien entre une exposition à un rayonnement ionisant et le cancer de la prostate [7].
*Ce groupe comprend les travailleurs n’entrant dans aucune autre catégorie, comme le personnel infirmier, les thérapeutes et les travailleurs de soutien assimilés, notamment ceux dispensant des services de soutien dans le cadre des procédures diagnostiques et thérapeutiques.
On a observé des risques élevés de cancer de la prostate chez tous les travailleurs occupant des postes de direction et d’administration, ainsi que dans l’enseignement. Cela peut être lié à un comportement sédentaire et à une faible activité physique en milieu de travail pour les employés de bureau. De plus, ces observations pourraient démontrer que ces groupes participent plus au dépistage du cancer de la prostate que d’autres [17].
On a observé un risque élevé de cancer de la prostate chez certains mécaniciens, réparateurs et électriciens. On ne connaît pas bien les facteurs de risque potentiels du cancer de la prostate.
Figure 1. Risque de diagnostic de cancer de la prostate chez les travailleurs employés dans chaque groupe d’industries par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016
Pour obtenir le rapport de risque, on divise l’estimation du temps moyen nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez les travailleurs de chaque groupe d’industries/professionnel par celui nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez tous les autres groupes pendant la période de l’étude. Les rapports de risque supérieurs à 1,00 indiquent un risque accru de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres. Les estimations sont ajustées par année de naissance et par sexe. La largeur de l’intervalle de confiance (IC) de 95 % est fondée sur le nombre de cas dans chaque groupe (plus il y a de cas, plus l’intervalle est étroit).
Figure 2. Risque de diagnostic de cancer de la prostate chez les travailleurs employés dans chaque groupe professionnel par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016