Un lymphome non hodgkinien (LNH) est un groupe de cancers des globules blancs qui exercent des fonctions immunologiques dans le système lymphatique. Le LNH est le sixième cancer le plus fréquent au Canada avec environ 10 400 diagnostics prévus au sein de la population canadienne en 2020 [1].
Il y a quelques facteurs de risques établis pour le LNH, mais ses causes ne sont pas entièrement connues. L’exposition aux rayonnements ionisants issus de l’imagerie médicale et l’infection par certains agents pathogènes viraux représentent des facteurs de risque non professionnels de développer un LNH, bien que ces facteurs puissent aussi être présents sur les lieux de travail [2,3]. De nombreux pesticides, organochlorés (lindane, pentachlorophénol) et organophosphorés (glyphosate, diazinon, malathion), sont des causes connues ou soupçonnées du LNH [4-7]. Parmi les autres facteurs de risque professionnels soupçonnés d’entraîner un LNH, on peut citer le trichloroéthylène, utilisé dans le nettoyage à sec et divers processus de fabrication industriels, le benzène, les solvants chlorés et les BPC [8-10].
Facteurs de risque professionnel connus
Facteurs de risque professionnel possibles
On a observé des risques accrus de LNH parmi certains groupes de travailleurs dans l’agriculture, l’industrie d’exploitation minière, l’industrie du transport et les services d’électricité. Au Canada, le DDT a été progressivement supprimé au milieu des années 1970 [11]. L’utilisation des BPC est interdite depuis 1997 et le lindane a été retiré des produits autorisés pour lutter contre les parasites de l’agriculture en 2005. Les risques excédentaires observés dans la cohorte du SSMP peuvent donc refléter des expositions antérieures à l’interdiction de ces produits [12,13].
Parmi les travailleurs agricoles, on a observé un risque élevé uniquement chez les agriculteurs, observation fondée sur un nombre restreint de cas. Aucun risque excédentaire n’a été observé chez les plus de 40 000 ouvriers agricoles et de pépinières répertoriés dans le SSMP. On a observé un risque excédentaire chez les travailleurs du secteur de la fabrication d’engrais, mais cette observation était fondée sur un nombre restreint de cas de LNH.
On a observé un risque élevé de LNH chez de nombreux travailleurs assimilés à l’industrie d’exploitation minière. Toutefois, les facteurs de risque demeurent incertains.
Les travailleurs occupant des postes assimilés à l’industrie du transport sont régulièrement exposés aux fumées d’échappement de moteurs, qui contiennent du benzène [9].
On a déjà observé un risque élevé de LNH chez les travailleurs dans les services d’électricité en Ontario [14]. Si les BPC ont été interdits au Canada, on peut encore en trouver dans de l’équipement électrique existant [13].
Des risques élevés ont été observés dans plusieurs autres groupes, mais étaient incohérents, ce qui a rendu les observations difficiles concernant les expositions potentielles causant le LNH.
Le risque élevé présenté par les pompiers peut être lié à leur exposition au benzène, aux biphényles polychlorés (BPC) et à d’autres produits chimiques au cours de leurs interventions [3,10].
On a observé un risque élevé chez les contremaîtres de mécaniciens et de réparateurs (sauf pour l’équipement électrique), mais aucun risque excédentaire n’a été observé parmi les mécaniciens de façon plus générale. De même, les contremaîtres en usinage des métaux et en assemblage et réparation d’équipement électrique présentaient un risque élevé, mais aucun risque excédentaire n’a été observé auprès des autres travailleurs dans ces professions. Des durées d’emploi plus longues et l’exposition plus longues aux agents cancérogènes responsables du LNH chez les contremaîtres par rapport aux autres travailleurs peuvent expliquer certains de ces écarts dans le taux de risque.
On a observé un risque excédentaire chez les technologues et techniciens en radiologie, bien qu’un nombre restreint de cas ait été observé pour ce groupe. L’exposition aux rayonnements ionisants issus de l’imagerie médicale représente un facteur de risque de LNH, mais cela n’est pas considéré comme étant un facteur de risque lié à une exposition professionnelle [15].
Figure 1. Risque de diagnostic de lymphome non hodgkinien chez les travailleurs employés dans chaque groupe d’industries par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016
Pour obtenir le rapport de risque, on divise l’estimation du temps moyen nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez les travailleurs de chaque groupe d’industries/professionnel par celui nécessaire pour diagnostiquer la maladie chez tous les autres groupes pendant la période de l’étude. Les rapports de risque supérieurs à 1,00 indiquent un risque accru de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres. Les estimations sont ajustées par année de naissance et par sexe. La largeur de l’intervalle de confiance (IC) de 95 % est fondée sur le nombre de cas dans chaque groupe (plus il y a de cas, plus l’intervalle est étroit).
Figure 2. Risque de diagnostic de lymphome non hodgkinien chez les travailleurs employés dans chaque groupe professionnel par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016